Pense à un moment que tu as vécu en voyage. Ce voyage peut avoir été à la campagne, dans une autre ville de ton pays ou dans un autre pays carrément. Où es-tu ? Que vois-tu ? Avec qui es-tu ? Quelles émotions vis-tu à ce moment précis? Comment décrirais-tu ce moment à un ami ?
Réfléchis maintenant sur le genre du récit de voyage.
- Comment définirais-tu que c’est un récit de voyage ?
- En quoi est-il différent d’une nouvelle journalistique ?
- Pourquoi en écrire et en lire d’après toi ?
- À qui ce genre de récit peut-il s’adresser ? Donne un exemple précis.
Va plus loin
Avant de lire une première chronique de voyage de Bruno Blanchet, lis l’article suivant(s’ouvrira dans une nouvelle fenêtre) afin d’en savoir plus sur son projet de voyage et le mode de vie qu’il a adopté !
Les mots « chronique » et « récit » peuvent être utilisés de façon interchangeable dans l’expression « chronique de voyage » ou « récit de voyage ».
Cette activité te permettra de découvrir les caractéristiques d’un récit de voyage et d’analyser le point de vue de l’auteur(e) en utilisant ton sens critique.
Un récit de voyage n’est pas une simple énumération de faits sur un endroit, bien qu’il puisse en contenir. En fait, il fait découvrir aux lecteurs les impressions et les sentiments vécus par l’auteur(e). De son point de vue, l’auteur(e) fait découvrir les différences entre l’endroit qu’il ou elle visite et son lieu d’origine. Voici quelques caractéristiques de ce genre de récit :
- Il décrit le réel et non un monde fictif (fantastique, merveilleux, etc.).
- Il peut contenir des faits sur l’endroit visité, mais l’accent est mis sur les émotions et les impressions de l’auteur(e).
- Il inclut des séquences narratives (d’aventures, de déplacement, de dialogues, etc.) et descriptives (de lieux, d’odeurs, de personnes, etc.).
- Il tente de surprendre le lecteur (avec des situations inusitées, des différences choquantes ou cocasses), le faire réfléchir et surtout, lui montrer une autre façon de vivre.
Définition
séquence narrative : Une séquence narrative sert à divertir le lecteur en décrivant les actions d’un récit. Elle contribue donc directement au développement de l’intrigue. Cette narration peut avoir lieu dans des dialogues, des séquences de bataille, d’aventure, de déplacements, etc.
séquence descriptive : Une séquence descriptive sert à faire une pause dans la narration d’un récit à l’aide d’une description. Celle-ci sert à informer le lecteur afin qu’il puisse s’imaginer un lieu, un personnage ou une atmosphère ambiante.
réel : des choses ou des faits qui existent dans la réalité
émotion : réaction affective transitoire d’assez grande intensité, habituellement provoquée par une stimulation venue de l›environnement
impression : état affectif complexe et durable lié à certaines émotions ou représentations
Partir en exploration
Avant de lire la chronique de voyage de Blanchet qui s’intitule « Bruno chez les musulmans(s’ouvrira dans une nouvelle fenêtre) », fais le processus de prélecture suivant. Lorsque tu as fini de remplir le tableau, réfléchis à tes réponses.
Avant la lecture
Mon but
Pourquoi je fais cette lecture ?
Que me demande-t-on de faire dans l’exercice ?
Quelles questions me sont posées ?
Mon intention
Qu’est-ce que je veux faire ?
Que vais-je faire pour atteindre mes buts de lecture ?
Comment vais-je répondre aux questions ?
Mes connaissances
Qu’est-ce que je connais déjà sur le sujet ?
Qu’est-ce que je sais sur la nouvelle ?
Qu’est-ce que je sais sur l’auteur ?
Le survol du texte
Quels renseignements me sont donnés en un premier survol ?
Qu’est-ce que je vois dans le texte ?
Y a-t-il un titre, des images, des sous-titres, des mots en majuscules, en gras ou en italique ?
Étape 1 : Définition du récit de voyage
En quoi la chronique « Bruno chez les musulmans » pourrait-elle être considérée un récit de voyage ? Utilise les critères donnés précédemment pour répondre aux questions suivantes :
- En quoi cette histoire décrit-elle un monde réaliste et non un monde fantastique ou merveilleux ?
- Que pourrait-on considérer comme étant des séquences narratives et descriptives dans cette chronique ?
- Quelles émotions et/ou impressions ont été vécues par l’auteur ?
- Comment nous surprend-il ou nous fait-il réfléchir ?
- Quelle nouvelle façon de voir le monde, Bruno Blanchet nous propose-t-il ?
Caractéristiques d’un récit de voyage
Réponds aux questions suivantes. Clique "Réponse partielle", ensuire "Réponse" afin d'observer les stratégies nécessaires pour répondre aux questions de manière analytique en offfrant des exemples précis.
Les temps verbaux dans une chronique de voyage
Que remarques-tu par rapport à l’emploi des différents temps du verbe dans la chronique ? Quels temps verbaux Blanchet utilise-t-il et dans quel contexte ?
Tu peux t’aider d’un Bescherelle imprimé ou électronique pour faire cet exercice. Voici un exemple de conjugueur en ligne :
Exercice
Regarde le tableau ci-dessous qui inventorie les temps verbaux. Cherche quels temps sont présents dans la chronique « Bruno chez les musulmans ». Pour chaque temps verbal relevé dans la chronique, donne quelques exemples du texte. Lorsque tu as fini, appuie sur les icônes « Séquence narrative » et « Séquence descriptive » pour voir tous les verbes du texte employés aux temps respectifs, dans chacun de ces deux types de séquence.
Ceci t’aidera à utiliser les bons temps verbaux lorsque tu écriras ton propre récit avec des séquences narratives et descriptives !
Après avoir fait cet exercice, tu es en mesure de constater que l’auteur préfère utiliser uniquement le présent pour décrire ses séquences d’action (narratives) et plusieurs temps du passé pour ses séquences descriptives.
Pourquoi Bruno Blanchet a-t-il principalement utilisé le présent de l’indicatif pour décrire les événements de son récit (dans les séquences narratives) ? Lorsqu’il écrivait cette chronique, les événements décrits avaient déjà eu lieu, donc pourquoi n’a-t-il pas utilisé un ou des temps verbaux au passé ? Pourquoi ne pas avoir utilisé des temps comme le passé composé ou le passé simple, par exemple ?
Pour essayer de répondre à ces questions, lis dans le tableau ci-dessous un extrait de la même chronique. Les verbes y sont conjugués au présent dans la colonne à gauche. La colonne à droite reprend le même extrait, mais avec des verbes conjugués au passé.
Verbes au présent |
Verbes au passé |
---|---|
« Vendredi. Le temps est trouble. Lourd. Le brouillard dense a une texture de velours ou de pouding au caramel. J’ai faim et je suis écœuré de tout ce qui rime avec « curry ». À la frontière, devant les militaires, je me hâte de déposer mon passeport sur le bureau (six contrôles entre l’Inde et le Bangladesh!) parce que ma main tremble. Encore une fois, qu’est-ce que je viens faire là? On étampe mes documents. Free to go! Bonne nouvelle. Mais mon visa expire le 06-06-06. Je ne suis pas superstitieux, mais je n’aime pas ça. Allez comprendre. » (p. 144) |
« Vendredi. Le temps était trouble. Lourd. Le brouillard dense avait une texture de velours ou de pouding au caramel. J’avais faim et j'étais écœuré de tout ce qui rime avec « curry ». À la frontière, devant les militaires, je me suis hâté/hâtai de déposer mon passeport sur le bureau (six contrôles entre l’Inde et le Bangladesh!) parce que ma main tremblait. Encore une fois, qu’est-ce que je venais faire là? On a étampe/étampa mes documents. Free to go! Bonne nouvelle. Mais mon visa expirait le 06-06-06. Je ne suis pas superstitieux, mais je n’aimais pas ça. Allez comprendre. » |
Quelle est la différence entre les deux paragraphes ? Comment ton expérience de lecteur ou de lectrice est-elle influencée par l’emploi des différents temps verbaux ? Ressens-tu l’action différemment ? As-tu l’impression de mieux vivre l’action d’une façon ou d’un autre ?
Consulte aussi le tableau suivant pour mieux comprendre les emplois différents des temps au présent et au passé !
Le passé : l’imparfait, le passé simple et le passé composé |
Le présent |
---|---|
L’imparfait décrit des actions ou des états qui se sont déroulés dans le passé pour un certain temps. Le passé simple (« il fût ») ou le passé composé (« il a été »), eux, décrivent des actions qui ont duré un court moment. Par exemple, on dit : « J’étais chez Marguerite, lorsque le téléphone a sonné. » L’action d’être chez Marguerite a duré un certain temps, tandis que celle du téléphone qui sonne, elle, a duré un instant seulement. Le passé composé est donc plus adéquat pour décrire cette action qui est ponctuelle. |
Le présent, lui, peut avoir plusieurs fonctions. Il peut notamment décrire des actions qui ont eu lieu dans le passé à un moment précis dans le temps, comme le passé composé ou le passé simple le font aussi. La raison pour laquelle on préfère parfois employer le présent au lieu du passé composé pour décrire des actions passées est parce qu’il donne un effet d’immédiateté. En effet, il donne l’impression que les actions se passent au moment même de l’énonciation. Ceci a l’avantage de captiver le lecteur davantage, car il a presque l’impression de voir les actions se produire sous ses yeux. |
L’exemple suivant est tiré de la pièce Phèdre de Racine. Dans cette scène, Théramène raconte à Thésée la mort sanglante de son fils, Hippolyte, dont il a été témoin :
« Jusqu’au fond de nos cœurs, notre sang s’est glacé;
Des coursiers attentifs le crin s’est hérissé.
Cependant sur le dos de la plaine liquide
S’élève à gros bouillons une montagne humide;
L’onde approche, se brise, et vomit à nos yeux... »
On voit ici que le temps du verbe change lorsque l’action commence : la montagne en question est le dos d’un immense dragon. Ceci a comme effet de faire revivre l’action, de la réactualiser pour les spectateurs et pour Thésée.
Dans le récit de voyage que tu écriras dans l’activité d’apprentissage 1.4, tu devras aussi utiliser le présent pour décrire des actions qui ont eu lieu à des moments précis de ton voyage.
Étape 2 : L’Interprétation littéraire
Contrairement à un roman, un récit de voyage ne possède pas d’intrigue narrative avec une situation initiale, un élément déclencheur, des péripéties, un dénouement et une situation finale. Il fait plutôt un compte-rendu d’une ou de plusieurs péripéties vécues en voyage. Pour l’interprétation littéraire d’une chronique, tu devras analyser :
- la focalisation (ou le point de vue narratif)
- les caractéristiques des « personnages »
- d’autres procédés narratifs utilisés par l’auteur
Mais pourquoi ces éléments en particulier ? Pourquoi sont-ils importants ?
La focalisation
La focalisation est essentielle pour comprendre la narration d’un texte et les informations transmises au lecteur. Il est important de la considérer dans l’analyse ou l’interprétation de toute œuvre littéraire.
Il y a trois types de focalisation :
- Zéro (narrateur omniscient, « narrateur-dieu ») : le narrateur en sait plus que chaque personnage de l’histoire. Il voit et sait tout ou presque, il a accès aux pensées et aux émotions de tous les personnages
- Interne (le narrateur est un des personnages de l’histoire et raconte les événements de son point de vue) : le narrateur en sait autant qu’un personnage de l’histoire (lui-même)
- Externe : le narrateur en sait moins que les personnages impliqués dans les événements, car il n’y a pas participé et les raconte depuis son point de vue
Fais l’exercice suivant afin d’apprendre à distinguer les trois types de focalisation, avant de répondre aux questions d’analyse sur la chronique de voyage de Bruno Blanchet.
Lis les trois extraits suivants et trouve quel est leur type de focalisation ou point de vue narratif. Justifie ta réponse. Lorsque tu auras fini, appuie sur le bouton de rétroaction pour avoir accès aux réponses suggérées.
On est rentré par la bretelle et Hugo a accéléré très fort, parce qu’il y avait une voiture à droite qui ne s’est pas tassée pour nous laisser rentrer... Hugo est énervé, ça paraît. Il ne sourit plus et serre le volant avec les deux mains. Il accélère. Il regarde souvent la voiture dans le rétroviseur. Je regarde derrière et c’est un homme dans une Audi rouge qui conduit seul. Il est tellement proche de nous que ses phares nous éblouissent. Zeinab se met à dire tout haut que tout va bien se passer, tout va bien se passer, tout va être correct. Ses yeux sont fermés, elle tient la main de Claudia dans la sienne. J’ai peur moi aussi. On n’a pas changé de voie, on est encore dans celle de droite et il nous colle au cul. Là, Hugo se met dans la voie du milieu, brusquement. L’homme change de voie presque aussitôt et le revoilà derrière nous encore. Claudia se met à pleurer. Sammy se retourne vers nous et on se regarde. Il a peur, lui aussi. Tout à coup, l’homme se met dans la voie de gauche et nous dépasse. Je pense qu’il va finalement partir, mais non. Il se met à côté de nous et fixe Hugo. Et là, Hugo fait tourner le volant brusquement vers la droite, je crois, et on va très vite là où on voulait le semer, on fait des tonneaux TA TA TA TA, il y a des bouts de vitre qui volent partout, les cheveux de Zeinab aussi, je ferme les yeux, on arrête de bouger, j’ouvre les yeux et vois qu’on est à l’envers. Zeinab est inconsciente, Claudia gémit, Hugo hurle, Sammy n’est pas là… J’essaye d’ouvrir la portière, mais ça reste pris…
Réponse : Focalisation interne
Pourquoi : Le narrateur est un des personnages de l’histoire et a pris part aux événements. Il en sait autant que son personnage, ni plus ni moins.
Le conducteur de l’Audi voyait rouge. Il voulait leur faire peur et peut-être plus que ça. Il avait reconnu la plaque d’immatriculation de l’auto des adolescents. Il n’avait pas oublié l’altercation qu’il avait eue avec le père de Francis la semaine d’avant à la garderie l’Arc-en-ciel. Il les talonne et ne les lâche pas. Dans l’autre auto, Hugo et Sammie ne rient plus. Hugo, celui qui conduit, décide de changer de voie, mais Bertrand change lui aussi. Il se réjouit de la panique qui doit envahir les adolescents en face de lui. Zeinab et Claudia se tiennent par la main et prient pour que ça s’arrête. Francis et Sammie se regardent apeurés. Ils n’arrivent pas à croire ce qui leur arrive. Bertrand décide alors de leur faire encore plus peur et se met à les dépasser par la gauche et les fixe en ce faisant. En voyant leur air apeuré, il décide, dans un élan maniaque, de leur rentrer dedans avec sa voiture. Hugo, en sentant le coup de la Audi, réagit sans réfléchir en tournant brusquement le volant vers la droite et faisant faire des tonneaux à la voiture du père de Francis. Bertrand voit ce qui arrive et prend peur, il pourrait être accusé de meurtre au deuxième degré. Il pèse sur l’accélérateur et disparaît tandis que l’auto des quatre adolescents cesse finalement de tourner sur elle-même et atterrit à l’envers dans le fossé.
Réponse : Focalisation zéro
Pourquoi : Le narrateur a accès aux pensées de plusieurs personnages à la fois. Il en sait donc plus que chacun des personnages pris individuellement.
J’ai vu que dès que l’auto remplie d’ados est montée sur l’autoroute, la Audi la collait au cul. Moi, j’étais à environ 200 mètres derrière dans la voie du milieu, et j’ai vu que les ados ont essayé de changer de voie, mais que l’Audi a continué de les talonner. Puis, la Audi a fait comme si elle les dépassait, mais leur a rentré dedans. J’ai vu l’auto des ados bouger un peu sous le choc, mais ce n’était pas ce qui a causé les tonneaux. C’est deux secondes plus tard que l’auto des jeunes a tourné à droite brusquement et s’est mise à déraper. Je me suis mis à ralentir pour essayer de les aider j’imagine et j’ai vu que la Audi avait accéléré et s’en allait au loin.
Réponse : Focalisation externe
Pourquoi : Le personnage raconte des événements dont il a témoigné d’un point de vue extérieur. Il n’a pas participé directement aux événements donc il en sait moins que les autres .personnages.
Les émotions et les impressions de l’auteur(e)
Comme tu l’as lu précédemment, une des caractéristiques du récit de voyage est une emphase sur les émotions de l’auteur(e) et ses impressions du pays qu’il visite. Cet « accent émotif » peut être accompli par l’auteur de trois façons, notamment en employant :
- des expressions imagées (métaphores, comparaisons, hyperboles, etc.)
- des appels aux sens (l’odorat, la vue, le toucher, etc.)
- des adjectifs et des adverbes évocateurs
Exercices
Fais aussi les exercices sur ces trois techniques littéraires afin d’apprendre à les repérer et à expliquer leur effet. Lorsque tu auras fini de répondre aux questions, appuie sur le bouton de rétroaction pour avoir accès aux réponses suggérées.
Les expressions imagées sont des figures de style qui créent des images par association d’idées. Des images peuvent être créées par : la métaphore, la comparaison, l’allégorie et la personnification. Lis les définitions suivantes avant de faire l’exercice :
Métaphore : comparaison entre deux choses partageant quelque chose en commun
Comparaison : rapprochement ou mise en relation de deux réalités, de deux êtres ou de deux objets au moyen de mots comparatifs « tels que », « comme », « pareil à », « semblable à », « tel », etc.
Allégorie : présentation d’une idée abstraite au moyen d’éléments concrets. Il s’agit souvent d’une personnification qui a une portée symbolique (des animaux représentant des personnages historiques, par exemple)
Personnification : attribution de traits humains à des animaux, des objets ou à des idées
Maintenant, lis les phrases suivantes et identifie les expressions imagées. Justifie tes réponses.
- La douce mangue que tu es pour moi.
C’est une métaphore, car on compare directement une personne à une mangue : les deux ont en commun le fait d’être douces.
- Tu es semblable à un ourson en peluche.
C’est une comparaison, car on met en relation une personne et un ourson en peluche à l’aide des mots comparatifs « semblable à ».
- « Sombre individu, barbu, il a le profil du musulman classique inquiétant, full Ben Laden. » (Blanchet, p. 145)
C’est une comparaison, car on met en relation l’homme de l’autobus et Osama Bin Laden avec les mots de comparaison « avoir le profil de ».
- Le crapaud contempla la lune en songeant à l’origine de son espèce.
C’est une personnification, car un crapaud ne peut pas songer à son origine comme un humain.
- La caverne de Platon
C’est une allégorie de la condition humaine où la caverne représente l’enfermement mental des humains pris dans leurs idées préconçues, leurs jugements et leurs mensonges.
Un bon récit de voyage stimule nos sens et nous donne l’impression d’être en voyage avec les personnages. Un appel aux sens est donc une description qui stimule un ou plusieurs sens : la vue, le toucher, l’odorat, le goût et l’ouïe.
Lis les phrases suivantes et repère les sens qui y sont stimulés. Lorsque tu as fini, appuie sur l’icône rétroaction pour voir les réponses suggérées.
- « Le brouillard dense a une texture de velours ou de pouding au caramel. » (Blanchet, p. 144)
Sens stimulés : la vue, le toucher, le goût.
Il s’agit aussi d’une expression imagée, car cette comparaison est un rapprochement entre le brouillard et le velours ou le pouding au caramel par l’entremise des mots comparatifs « a une texture de… ».
- « L’autobus évite à la dernière seconde un face-à-face avec un camion. Chanceux, je suis assis au premier rang, derrière le sans talent de conducteur, juste au bon endroit pour voir, immédiatement après, le terre-plein surgir de nulle part et arracher la moitié du pare-chocs avant. Boum crash ! » (Blanchet, p. 145)
Sens stimulés: la vue, l’ouïe
Les mots évocateurs permettent à l’auteur de transmettre des impressions ou des idées « avec force ». Ces mots permettent de faire des associations d’idées. Dans l’exemple suivant, Blanchet utilise les mots évocateurs « extrémistes » et « mécréants » :
« Les extrémistes ne sont pas des musulmans : ils sont des mécréants. » (Blanchet, p. 146)
Ces mots forts soulignent l’opinion de l’auteur sur les extrémistes qui se disent musulmans, mais qui seraient plutôt des athées, selon Blanchet. En plus, l’assonance entre « musulmans » et « mécréants » augmente l’association entre les deux termes précédents (la phrase fait presque penser à un slogan).
Maintenant, trouve les mots évocateurs dans les extraits suivants et explique l’association d’idées. Lorsque tu as fini, appuie sur l’icône rétroaction pour voir les réponses suggérées.
- « …le médecin me défend toute espèce d’alcool … Sinon, c’est l’excommunication médicale. » Yves Beauchemin, Le matou (1981)
Mot évocateur : « excommunication ». Ce mot a une signification religieuse (interdiction d’un membre d’une communauté chrétienne de participer aux rites religieux, de communier avec les autres) et lorsqu’il est associé au monde médical, il souligne la sévérité du médecin par rapport à « l’offense » de boire de l’alcool.
- « Il voulait avant de mourir
Se réchauffer dans mon sourire. » Barbara, Nantes (1964)
Mots évocateurs : « se réchauffer », « sourire ». Ces mots créent une association entre la chaleur thermique et la chaleur humaine.
Analyse de « Bruno chez les musulmans »
Maintenant il est temps d’analyser la chronique de voyage de Bruno Blanchet « Bruno chez les musulmans » d’un point de vue littéraire. Pour ceci faire, réponds aux questions suivantes sur la focalisation, les moyens par lesquels l’auteur exprime ses émotions et ses impressions (expressions imagées, appels aux sens, adjectifs et adverbes évocateurs), de même que d’autres procédés narratifs et descriptifs.
La focalisation
Comment le type de focalisation influence-t-il notre façon de comprendre ou d’imaginer les péripéties de voyage ?
La focalisation interne permet d’avoir accès aux émotions et aux impressions du voyageur/auteur uniquement, ce qui rend notre imagination des péripéties du récit plus proche de la perception de l’auteur, car il les raconte de son point de vue.
Expressions imagées, appels aux sens et mots évocateurs
Quelles comparaisons imagées Bruno Blanchet fait-il ? Cite deux exemples concrets.
« Sombre individu, barbu, il a le profil du musulman inquiétant, full Ben Laden. » → Ici on met en rapport l’homme de l’autobus et Osama Bin Laden avec les mots de comparaison « avoir le profil de ».
« Je n’ai jamais été aussi bien reçu de toute ma vie. Comme un prince ? Non, comme un frère. » → On compare la réception de Bruno Blanchet avec celle d’un prince ou d’un frère, grâce au mot de comparaison « comme ».
Quels mots évocateurs emploie Bruno ? Cite au moins un exemple concret.
Le mot « poubelle » est évocateur dans l’extrait suivant : « tout ce que je m’étais laissé convaincre de croire au sujet des musulmans devait prendre le bord de la poubelle. » → On fait une association entre des préjugés et des déchets.
Nos sens sont-ils stimulés par les descriptions de Bruno ? Cite au moins un exemple concret.
« A mon départ les accolades sont trop nombreuses pour ne pas être vraies. Les poignées de main, trop chaleureuses. Les regards, trop tendres. » → Ici on fait appel au sens du toucher et de la vue.
Traits de personnalité et caractéristiques de l’auteur
Trace les traits de personnalité de Bruno Blanchet qui sont discernables dans la chronique. Appuie chaque caractéristique que tu trouves à l’aide d’un exemple du texte. Que nous révèlent les réflexions et les réactions de Bruno sur sa personnalité ?
Qu’éprouve-t-il avant de voyager au Bangladesh et à la frontière ?
Il a peur d’aller au Bangladesh à cause de sa majorité musulmane et des explosions: « J’éprouvais une crainte que j’avais beaucoup de difficulté à dissimuler […] ma main tremble […] Je ne suis pas superstitieux, mais je n’aime pas ça. » Il regrette son choix et se remet en question : « […] qu’est-ce que je viens faire là ? »
Quelle est son attitude dans l’autobus ?
Il ne comprend pas l’arabe et aime jouer avec les mots pour faire de l’humour : « De kessessa ? Ar tevou la! Padi Zafir a Fir Divan Lah Vzit! De l’arabe ? » = [Qu’est-ce que c’est que ça ? Arrêtez-vous là! Pas des affaires à faire devant la visite !]. En plus, il est croyant et fait appel à Dieu en situation de crise : « Dieu, fais quelque chose ! »
Est-ce que Bruno a des préjugés ?
Oui, il en avait après les « réactions démesurées aux caricatures danoises » et croyait que l’homme habillé en Ben Laden était dangereux et il est surpris de voir qu’il ne l’est pas : « L’homme – le sauveur – pose la main sur mon épaule. Ses yeux bleus sont étonnamment doux. Sa voix aussi. »
Étape 3 : J’utilise mon esprit critique
Pour cette troisième étape, tu devras utiliser ton esprit critique. Ceci veut dire que tu devras utiliser des indices pour déduire des choses qui ne sont pas écrites clairement dans le texte, comme les valeurs de l’auteur et sa perception du monde.
Réponds aux questions suivantes pour discerner les valeurs de Bruno Blanchet et sa perception du monde. Puis, fais une comparaison entre tes propres valeurs et celles de l’auteur.
Quelles sont les valeurs de Bruno Blanchet : ce qu’il trouve important ou en revanche, inacceptable ? Appuie ta réponse à l’aide d’exemples du texte.
Dans le passage suivant, Bruno affirme avoir changé d’avis sur les musulmans : « C’était avant les réactions démesurées aux caricatures danoises… D’ailleurs, au moment où l’on se parle, brûle l’ambassade du Danemark au Liban ! ». Ce changement d’attitude est dû à une valeur qui pourrait être la liberté d’expression ou bien la modération, étant donné qu’il trouve que les réactions des musulmans sont exagérées face aux caricatures de Mahomet dans un journal.
Les valeurs et les perceptions de Bruno Blanchet dans sa chronique correspondent-elles aux tiennes ? Explique pourquoi.
Va plus loin! Lis l’article suivant(s’ouvrira dans une nouvelle fenêtre) afin de connaître le contexte médiatique de mars 2005, mois où fut écrite la chronique de Blanchet.
Compare deux façons de voir le monde : celle de Bruno et une autre, différente. Tu peux parler ici de cultures, de croyances et de valeurs différentes.
La vision du monde de Blanchet semble ici être fondée sur la liberté d’expression. Une autre vision du monde pourrait être axée sur le caractère sacré de la religion, limitant ce qui peut être dit (ou dessiné) au sujet de celle-ci.
Va plus loin !
Réponds aux questions suivantes afin d’aiguiser encore plus ton esprit critique et ta compréhension du texte.
- De quelle manière certains personnages t’ont-ils fait penser à toi-même ? Pourquoi ?
- Si tu étais ce personnage, comment l’histoire aurait-elle changé ?
- As-tu été étonné(e) par un personnage ou par un événement du récit ? Si oui, explique pourquoi.
- Que crois-tu que l’auteur tente d’accomplir avec son œuvre ?
- De quelle manière l’auteur pense-t-il au monde ?
- De quelle manière le récit aurait-il changé s’il avait été raconté du point de vue d’un autre personnage du récit ?
- Comment cette nouvelle peut-elle nous apprendre quelque chose sur la vie ?
Valeurs et perceptions du monde
Lis l’extrait suivant de la nouvelle de voyage « Vers Kairouan », tirée du recueil de voyage La vie errante de Guy de Maupassant, publié en 1890.
« Chez les Orientaux, d’ailleurs, on est frappé sans cesse par la place abandonnée aux ancêtres dans ce monde. Les cimetières sont immenses, innombrables. On en rencontre partout. Les tombes dans la ville du Caire tiennent plus de place que les maisons. Chez nous, au contraire, la terre coûte cher et les disparus ne comptent plus. On les empile, on les entasse l’un contre l’autre, l’un sur l’autre, l’un dans l’autre, en un petit coin, hors la ville, dans la banlieue, entre quatre murs. Les dalles de marbre et les croix de bois couvrent des générations enfouies là depuis des siècles. C’est un fumier de morts à la porte des villes. On leur donne tout juste le temps de perdre leur forme dans la terre engraissée déjà par la pourriture humaine, le temps de mêler encore leur chair décomposée à cette argile cadavérique; puis, comme d’autres arrivent sans cesse, et qu’on cultive dans les champs voisins des plantes potagères pour les vivants, on fouille à coups de pioche ce sol mangeur d’hommes, on en arrache les os rencontrés, têtes, bras, jambes, côtes, de mâles, de femelles et d’enfants, oubliés et confondus ensemble; on les jette, pêle-mêle, dans une tranchée, et on offre aux morts récents, aux morts dont on sait encore le nom, la place volée aux autres que personne ne connaît plus, que le néant a repris tout entiers; car il faut être économe dans les sociétés civilisées. »
Comment Maupassant, décrit-il une autre culture à travers la sienne ? Peux-tu expliquer sa manière de faire ? A ton avis, est-ce que le portrait qu’il peint de la culture égyptienne est reluisant ou non ?
Definition
Reluisant : qui est positif, qui met en valeur, qui fait briller.
Maupassant présente la culture des Égyptiens de manière favorable en comparant leur façon d’enterrer leurs morts avec celle de sa société. Il critique « l’économie » de sa société qui détruit les tombes des « vieux » morts pour en enterrer de nouveaux.
Qu'est-ce que c'est une réponse spontanée
Tout au long de ce cours, il te sera demandé de répondre à des questions de réflexion qui sont appelées les réponses spontanées.
Parfois, on te demandera de répondre oralement et spontanément à des questions. Pour ces réponses orales, tu peux t’enregistrer sous la forme d’un vlogue (blogue vidéo) ou d’un enregistrement sonore ! Tu peux utiliser ton téléphone cellulaire ou un autre appareil électronique de ton choix. Il existe de nombreux sites d’enregistrement sonore sur l’internet comme « Enregisteur de Voix en Ligne »(s’ouvrira dans une nouvelle fenêtre). Il existe de nombreuses applications gratuites pour l’enregistrement de ta voix. C’est à toi de choisir la méthode que tu utilises pour enregistrer tes réflexions.
Parfois, on te demandera de répondre à des questions en faisant des réflexions écrites dans ton cahier et en tenant un cahier de notes. Dans ce cas, il t' est demandé de créer une réponse spontanée écrite.
Réponse Spontanée : écrite ou orale !
Décris une occasion où tu as été initié à une nouvelle culture par le biais d'un voyage.
Soyez créatif/créative ! Ces réponses sont spontanées même qu’elles soient orales ou écrites. Toutes ces réponses spontanées seront utilisées pour une évaluation de l’apprentissage qui vaut 10% à la fin du cours. Par exemple cette réponse est sommative et comptera pour 1% de ta note finale. Garde tes enregistrements organisés. Tu en auras besoin plus tard dans ce cours et ils seront évalués avec une rétroaction.
- Ta réponse doit être en lien avec la question posée et cette activité d’apprentissage
- Tu dois communiquer en français uniquement et rédiger des phrases cohérentes et claires
- Ton entrée de journal doit contenir entre 50 et 100 mots ou doit durer entre 20 secondes et 1 minute
Réfléchis !
Dans le récit de voyage que tu écriras dans l’activité 1.4, tu devras aussi comparer la culture de ton pays (de ta ville ou de ta région) et celle que tu visites. Commence à réfléchir dès maintenant à un aspect de la culture de l’autre qui est différent de la tienne.
Dans « Vers Kairouan » Maupassant décrit ici une manière différente de traiter les morts à l’aide d’une description imagée de la terre utilisée pour les enterrer, de leurs os, etc. En ce faisant, il ironise sa culture et vante en quelque sorte la culture de l’autre. Et toi, que décriras-tu et comment ? Le feras-tu en mettant en valeur ta culture ou bien celle d’autrui ?
Pistes de réflexion sur une différence :
- Comment les gens se saluent-ils (deux bises, une poignée de main, des câlins, etc.) ?
- Comment mangent-ils ?
- Comment les conducteurs se comportent-ils sur la route ?
- Est-ce que quelque chose t’a choqué(e) ou paru bizarre au départ ?
Analyse d’un récit de voyage
Maintenant, c’est à toi d’essayer ! Choisis un récit de voyage ou un blogue et fais la même analyse que tu viens de faire pour la chronique de Blanchet.
Un blogue est un récit ou une chronique publiée sur un site Web.
Voici quelques exemples de récits de voyage parmi lesquels tu peux choisir. Les récits suivants de Guy de Maupassant sont courts et donc plus accessibles : « Alger »(s’ouvrira dans une nouvelle fenêtre), « La Province d’Oran »(s’ouvrira dans une nouvelle fenêtre) et « La Mer »(s’ouvrira dans une nouvelle fenêtre).
En lisant Maupassant, tu remarqueras qu’il emploie des termes qui ne sont plus acceptables de nos jours et qui seraient même considérés racistes. C’est pourquoi il faut tenir compte du fait qu’il a écrit ses nouvelles en 1890 et qu’à cette époque, il était très acceptable d’être raciste. Profite de cette lecture pour comparer ta vision du monde et tes valeurs à celles de Maupassant.
Autrement, peut-être préfères-tu lire et analyser « Hong Kong suite et fin »(s’ouvrira dans une nouvelle fenêtre), une autre chronique de voyage de Bruno Blanchet, ou un blogue. Pour un exemple de blogue, appuie sur le lien suivant(s’ouvrira dans une nouvelle fenêtre) ou un lien de ton choix et dans l’onglet « mes voyages », parcours tous les pays visités par la blogueuse. Choisis le pays et le blogue sur lequel tu veux travailler.
Avant de lire en détail la chronique de voyage que tu as choisie, fais le processus de prélecture suivant. Lorsque tu as fini de remplir le tableau, comparer tes réponses.
Avant la lecture
Mon but
Pourquoi je fais cette lecture ?
Que me demande-t-on de faire dans l’exercice ?
Quelles questions me sont posées ?
Mon intention
Qu’est-ce que je veux faire ?
Que vais-je faire pour atteindre mes buts de lecture ?
Comment vais-je répondre aux questions ?
Mes connaissances
Qu’est-ce que je connais déjà sur le sujet ?
-Qu’est-ce que je sais sur la nouvelle ?
-Qu’est-ce que je sais sur l’auteur ?
Le survol du texte
Quels renseignements me sont donnés en un premier survol ?
Qu’est-ce que je vois dans le texte ?
Y a-t-il un titre, des images, des sous-titres, des mots en majuscules, en gras ou en italique ?
Quel que soit ton choix, complète les étapes suivantes pour faire l’analyse du récit ou de la chronique de voyage que tu as lu(e).
Autoévaluation
Lorsque tu auras fini d’écrire tes réponses, remplis la liste de vérification suivante afin de t’assurer qu’elles répondent aux attentes.
Inscris le lien vers l’entrée de blogue ou récit que tu as analysée ci-dessous afin que le membre de ta famille ou ton ami de confiance puisse la lire et te donner une meilleure rétroaction sur tes réponses.
Rétroaction d’un membre de ma famille ou d’un(e) ami(e) de confiance :
Télécharge la « Feuille de travail - Lecture d'un extrait de récit »(s’ouvrira dans une nouvelle fenêtre). Quand tu auras fini, soumets ton Évaluation : rétroaction et note. Pour ce faire, appuie sur le lien « Casier de dépôt » et suis les instructions de soumission.
Va plus loin !
Si tu veux, poursuis ta lecture des aventures de Bruno Blanchet sur son site :
Réflexion
- Quels défis as-tu surmontés pour réussir cette activité ?
- Quelles stratégies as-tu utilisées pour réussir à analyser ta chronique ?
- En te fiant aux critères du tableau d’autoévaluation et à la rétroaction que tu as reçue d’un membre de ta famille ou d’un(e) ami(e) de confiance, nomme :
- deux choses que tu aimerais améliorer pour la prochaine activité
- deux objectifs que tu te donnes pour la prochaine activité